"Sylla se démettant de la dictature dans l'assemblée du peuple"

(Quintilien, Institutions oratoires, Livre III)

Combien de temps Sylla est-il resté dictateur? Appien dit 2 ans et ½. Plutarque ne donne aucune date, mais les deux auteurs grecs semblent s'accorder pour dire que Sylla ne redevint simple particulier qu'après l'élection au consulat de Catulus et de Lépide, soit en juillet -79. L'historien Frédéric Hurlet opte pour une abdication le 1er janvier -80, Ernst Badian pour le courant de l'année 81. Arthur Keaveney pour les dernières semaines de l'année 81. Enfin, François Hinard et Giovanni Brizzi, suivant un discours prononcé par Catulus, affirment que Sylla n'est resté dictateur que six mois! Qui a raison et qui a tort? Et surtout, peut-on arriver à clairement dater l'abdication de Sylla?

Reprenons la chronologie des événements. En novembre -82, après la mort des consuls Gaius Marius et Gaius Carbo, Sylla envoie une lettre au Sénat pour que l'on nomme un dictateur. Le prince du Sénat Valerius Flaccus, en qualité d'interroi, fait alors passer une loi devant l'assemblée du peuple afin de créer un dictator rei publicae constituandae, c'est-à-dire un dictateur pour écrire des lois. Sylla est alors nommé dictateur par Flaccus, a une date indéterminée, mais dont nous savons qu'elle est située entre la mi-novembre et la mi-décembre. Sylla est nommé dictateur sans limitation de temps. Jusqu'à présent, les dictateurs étaient nommés par le Sénat et pour une durée maximale de six mois. Sylla investit donc l'ancienne magistrature de la dictature afin d'exercer un pouvoir absolu sur tout l'Empire Romain. Ensuite, les sources sont imprécises. Sylla a abdiqué la dictature à une date non indiquée, puis il a exercé un second consulat en -80 et est enfin redevenu simple particulier. Cherchons à établir la bonne chronologie.

Le texte d'Appien d'Alexandrie

Beaucoup d'historiens du début du XXème siècle, comme Léon Homo et Jérôme Carcopino, s'appuient sur le texte d'Appien et pour penser que Sylla a abdiqué la dictature en juillet -79: "L'année suivante, voulant faire sa cour à Sylla, le peuple l'élut cette fois encore consul; mais il n'accepta pas et leur désigna pour exercer cette magistrature Servilius Isauricus et Claudius Pulcher, cependant que lui-même abdiquait volontairement le pouvoir suprême, bien que personne ne lui causât de difficultés".

Appien insiste dans plusieurs paragraphes de ses Guerres civiles pour nous faire comprendre que Sylla est resté longtemps au pouvoir, dont celui-ci "Cornelius Sylla, "soignant le mal par le mal", se proclama lui-même, et pour très longtemps, seul maître de l'Etat". Mais la chronologie d'Appien est-elle juste?

Sylla simple particulier

Selon Orose (Histoire contre les païens, Livre V, 22): "P. Servilius et Appius Claudius ayant donc été créés consuls, on vit enfin Sulla simple particulier". En fait, lorsque les consuls Servilius Vatia et Claudius Pulcher sont entrés en fonction, Sylla cessa toute activité politique. Selon sa nouvelle constitution, le consul sortant dirige une province. Sylla s'était vu attribuer la Gaule Cisalpine (Granius Licianius). Il refusa d'aller la gouverner. Au lieu d'être proconsul, Sylla est donc redevenu "simple particulier" le 1er janvier -79.

Sylla consul II

Sylla a exercé un second consulat en -80 avec Quintus Caecilius Metellus Pius. Cela est indiqué par les fastes consulaires (Musées Capitolin): "L. Cornelius L F P N Sulla Felix II". D'autres inscriptions l'indiquent, comme le Décret d'Amphiarion. Cette inscription grecque précise que Sylla était consul avec Metellus Pius. Nulle part n'apparaît la mention "dictateur", pourtant bien présente dans les décrets officiels lorsque Sylla était dictateur. A priori, et contrairement à ce qu'a écrit Appien d'Alexandrie, Sylla n'est donc plus dictateur en -80.

Le fameux discours de Cicéron "Pour Sextus Roscius" confirme cette version. Ce discours est prononcé début janvier -80 et à aucun moment Cicéron ne cite Sylla comme dictateur alors qu'il l'a fait dans son premier procès, le Pro Quincto, qui s'est déroulé l'année précédente. Un passage de Dion Cassius (Histoire Romaine, Livre XXXVI) nous le confirme: "Ce qui fit Sylla si puissant, c'est que durant tant d'années consécutives il commanda les armées et fut ensuite dictateur, puis consul". Sylla n'a donc pas cumulé dictature et consulat.

Une autre anecdote nous prouve que Sylla n'exerce plus le pouvoir absolu après 81. Plutarque, dans sa Vie de Cicéron, écrit ceci à propos de Cornelius Lentulus: "Son surnom de Sura lui fut donné, dit-on, pour la cause suivante: comme il était questeur au temps de Sylla et qu'il avait perdu et dilapidé une grande partie des fonds publics, Sylla indigné lui en demanda compte au Sénat; Lentulus se présenta d'un air désinvolte et hautain et déclara qu'il ne rendait pas de comptes, mais qu'il offrait sa jambe, comme c'est l'habitude des enfants quand ils ont fait une faute au jeu de la balle". Nul doute que Lentulus ne se serait pas amusé à parler avec un ton aussi hautain à Sylla si celui-ci était encore dictateur.

Conclusion: toutes les preuves sont contre le texte d'Appien. Sylla n'était plus dictateur en -80 mais "simple" consul.

Sylla abdiquant la dictature le 1er janvier -80?

Frédéric Hurlet (La dictature de Sylla) suppose que Sylla a enchaîné le même jour déposition de la dictature et entrée au consulat, soit le 1er janvier -80. Pour cette hypothèse, il se base sur un autre passage d'Appien: "Sylla accorda par un décret le royaume d'Egypte à Alexandre II". Or, nous savons que le pharaon d'Egypte Ptolémée IX Sôter décède en décembre et qu'Alexandre II prend sa succession. Si donc Sylla accorde ce décret, c'est qu'il serait forcément encore dictateur.

Cependant, une traduction plus moderne de ce passage d'Appien nous permet de mieux nuancer: "Alexandros, fils de l'ancien roi d'Egypte Alexandros, avait été élevé à l'île de Cos et livré à Mithridate par les habitants de l'île. Il avait fui de chez Mithridate pour se réfugier auprès de Sylla dont il était devenu le familier. Ce dernier décréta qu'il régnerait sur les Alexandrins, attendu qu'il n'y avait plus d'hommes à la cour d'Alexandrie et que les femmes appartenant à la famille royale réclamaient un homme de leur parenté: il s'attendait à retirer beaucoup d'argent d'un royaume très riche".

"Sylla décréta" et non "Sylla accorda par un décret"... Ainsi, Sylla a très bien pu accorder la protection de Rome à Alexandros lorsque celui-ci est venu le rejoindre, soit lorsqu'il se trouvait en Asie. Sylla s'était alors autoproclamé Imperator (pour compenser la perte officiel de son titre de proconsul), c'est donc à ce titre, et non à celui de dictateur, qu'il demanda à Alexandros de faire son testament en donnant l'Egypte à Rome à sa mort. Rien dans cet extrait ne nous permet donc d'affirmer formellement que Sylla était toujours dictateur en décembre…

Sylla abdiquant la dictature au bout de six mois?

François Hinard et Giovanni Brizzi se basent sur ce passage rapporté par Dion Cassius (Histoire Romaine, Livre XXXVI) pour affirmer que Sylla a abdiqué sa dictature au bout de six mois seulement. L'historien grec nous rapporte un discours que l'ancien consul Quintus Lutatius Catulus a tenu au Sénat en -67: "S'il est nécessaire de créer un magistrat en dehors des magistrats annuels, nous en avons un exemple ancien; je veux parler du dictateur, mais ce dictateur, avec l'autorité dont il était revêtu, nos pères ne l'établirent jamais pour toutes les affaires indistinctement, ni pour plus de six mois. Si vous avez besoin d'un magistrat extraordinaire, vous pouvez donc, sans enfreindre les lois et sans vous montrer peu soucieux des intérêts de la république, nommer un dictateur, que ce soit Pompée ou tout autre citoyen; pourvu que son autorité ne s'étende pas au delà du terme légal, ni hors de l'Italie. Vous n'ignorez pas avec quel respect nos pères observèrent cette règle, et vous ne trouverez pas de dictateur élu à d'autres conditions, excepté un seul: je veux parler de celui qui fut envoyé en Sicile et qui ne fit rien. Du reste, l'Italie n'a pas besoin d'un tel magistrat, et vous ne supporteriez point, je ne dis pas l'autorité, mais le nom d'un dictateur: j'en ai pour garant votre indignation contre Sylla".

Regardons ce texte de plus près. Deux mots nous interpellent: "le dictateur, un exemple ancien". Par "ancien", il faut entendre la période avant Catulus, qui est un contemporain de Sylla. Ensuite "ce dictateur, nos pères ne l'établirent jamais pour plus de six mois". "Nos pères", soit "les sénateurs". Et effectivement, dans les temps anciens, soit au IIIème siècle avant Jésus-Christ, les sénateurs choisissaient eux-mêmes les dictateurs. Le dernier en date a exercé cette fonction 120 ans avant Sylla. Or, Sylla a été désigné par un interrex après un vote du peuple demandant de lui accorder une dictature non limitée dans le temps. Sylla n'a donc pas été désigné par les sénateurs.

Le discours que Catulus adresse au Sénat ne concerne donc pas la dictature de Sylla! Catulus lui-même le précise plus loin, sur cette entorse faite aux droits du Sénat: "J'en ai pour garant votre indignation contre Sylla".

François Hinard, dans son article Dion Cassius et l'abdication de Sylla, pense pouvoir s'appuyer sur un passage d'un discours de Cicéron pour préciser que Sylla est bien resté dictateur six mois: "Je crois en effet que la loi a fixé les calendes de juin, comme le terme des proscriptions et des ventes" (Pro Roscio). Il en conclut que Sylla serait resté dictateur du 1er décembre -82 au 1er juin -81. Or, nulle part Cicéron ne précise que la dictature de Sylla se termine à cette date. De même, Catulus sous-entend bien que Sylla est resté dictateur plus de six mois, à la grande indignation du Sénat.

Affinons notre chronologie: Sylla a abdiqué la dictature dans une date comprise entre le 1er juin -81 et fin décembre -81. Pouvons-nous être plus précis?

L'Affaire Sextus Roscius

Roscius d'Amérie est assassiné en septembre -81. A cette époque, Sylla se trouve à Volaterrae. ("Quatre jours après le meurtre de Roscius, cette nouvelle parvient à Chrysogonus, au camp de Sylla, près de Volaterrae"). Cela nous laisse supposer que Sylla était toujours dictateur à cette date. Cicéron précise par ailleurs: "Je sais, et je le sais avec certitude, que tout s'est fait à l'insu de Sylla. En effet, considérez que Sylla est occupé à la fois à régler le passé, à préparer l'avenir; qu'à lui seul est remis le pouvoir d'établir la paix et de conduire la guerre; que tous les yeux sont fixés sur lui seul; que seul il gouverne tout; que, surchargé d'affaires de la plus haute importance, il n'a qu'à peine la liberté de respirer: considérez surtout qu'une foule de subalternes observe le temps de ses occupations, épie le moment d'une distraction, pour se livrer au crime; et vous ne serez pas surpris qu'il échappe quelque chose à sa vigilance". En septembre, Sylla gouverne seul la République.

Les élections consulaires de 80

Quant ont eu lieu les élections consulaires? Arthur Keaveney (The terminal date of Sulla's dictatorship) pense qu'elles ont eu lieu à l'été -81, et plus précisément en juillet. En effet, nous savons que les élections consulaires pour -79 ont eu lieu en juillet -80. Sylla, avec ses nouvelles lois, a changé la date des élections consulaires. Durant de nombreuses années, les élections s'étaient déroulées en automne, généralement fin octobre. Sylla les décale en juillet afin que si des fraudes électorales se produisent, il soit possible de procéder à de nouvelles élections.

Sachant que Sylla abdique au plus tôt la dictature en octobre, pourquoi croire qu'à cette époque déjà, les élections consulaires se seraient déroulées en juillet -81? Tout repose encore une fois sur une interprétation d'un passage d'Appien: "L'année suivante, bien qu'il fut toujours dictateur, pour faire semblant néanmoins de conserver les formes du gouvernement démocratique, Sylla consentit à exercer une nouvelle fois le consulat avec Metellus Pius. C'est peut-être en se fondant sur ce précédent que, de nos jours encore, les empereurs romains, quand ils désignent des consuls à leur patrie, se déclarent parfois eux-mêmes, considérant comme un honneur d'exercer le consulat en même temps que le pouvoir suprême". Sylla aurait donc cumulé la fonction de dictateur avec celle de consul désigné.

Mais l'interprétation d'Appien est-elle bien juste? En effet, Appien d'Alexandrie croit que Sylla a exercé une dictature continue de décembre -82 à juillet -79. Une dictature continue avec un consulat au milieu. Dans ce cas, il considère normal que l'on puisse cumuler les deux fonctions car Jules César l'a bien fait, ainsi que les autres empereurs après lui. Pourquoi pas Sylla alors?

Encore une fois, l'interprétation d'Appien est fausse. En effet, les élections consulaires pour l'année -80 ont du se dérouler à l'automne -81 car la nouvelle législation de Sylla concernant les élections est entrée en vigueur en -80. Comment pouvons-nous être aussi affirmatif?

L'évidence de Plutarque

En fait, Plutarque nous le dit clairement: "Il avait tellement plus de confiance en sa chance qu'en son action qu'après avoir fait périr tant de gens, introduit de telles nouveautés et opéré un si grand changement dans l'Etat, il déposa le pouvoir, rendit au peuple le droit de choisir ses consuls, et n'intervint pas dans les élections, mais il circulait sur le Forum en simple particulier, exposant sa personne à tous ceux qui voudraient lui demander des comptes". Si nous suivons sa chronologie, Sylla abdique avant les élections consulaires, donc celles-ci ont bien eu lieu à l'automne -81.

De là les erreurs d'Orose et d'Appien: pour eux, Sylla redevient "simple particulier" en -79. Or, si Sylla dépose la dictature avant les élections consulaires de -81, alors effectivement, entre sa dictature et son élection au consulat, il est bien simple particulier!

D'autres preuves

Citons justement Appien pour une fois: "A la vérité, au moment où il abdiqua ses pouvoirs sur le Forum, il ajouta, à ce qu'on dit, "qu'il rendrait compte de ses actes passés, si on le lui demandait". Et, après avoir fait abaisser les faisceaux et les haches, et écarter ses gardes du corps, il se promena tout seul avec ses amis un bon bout de temps au milieu du public sous les regards de la foule qu'il terrifiait encore".

L'abdication de Sylla est un geste inattendu qui a profondément marqué les esprits. Cependant, cette abdication s'est faite dans le respect de la tradition républicaine, comme l'explique Quintilien (Institutions oratoires, Livre III, 8, 53): "Je n'ignore pas que dans les écoles on donne souvent à traiter, à titre d'exercice, des controverses poétiques et historiques, comme "Priam aux pieds d'Achille", ou "Sylla se démettant de la dictature dans l'assemblée du peuple" (Livre V, 10, 71): "Sylla s'est démis de la dictature, donc il ne s'était pas armé dans des vues de dominations". Aurelius Victor est plus laconique encore: "Après avoir organisé la République, il abdiqua la dictature".

D'après Quintilien, si l'abdication de Sylla est enseignée dans les écoles de rhétorique, c'est qu'elle s'est déroulée de façon légale, soit en dehors de tout "cumul de mandat".

Notre chronologie est affinée: Sylla a abdiqué sa dictature avant les élections consulaires de -81 qui se sont déroulées entre octobre et fin décembre.

Les précisions de Cicéron

Le procès de Sextus Roscius s'ouvre début janvier -80. Lorsqu'il plaide pour la défense, Cicéron dit ceci: "Faut-il nous étonner, juges, de ce que L. Sylla, du temps où il régentait seul l'Etat, où il gouvernait le monde et où il affermissait alors par des lois la majesté de notre empire qu'il avait reconquis par les armes, n'ait pu percevoir quelques faits? Il n'y a rien d'étonnant à ce que l'esprit humain ne puisse réussir ce qui échappe à la puissance divine. Mais laissons cela, qui est du passé".

Cicéron parle bien de la dictature de Sylla au passé, comme quelque chose qui s'est terminé il y a plusieurs semaines, et non quelques jours auparavant, en décembre. Cela nous laisse supposer que les élections se sont soit déroulées en octobre, soit en novembre. Or, entre ses deux dates se déroulaient pour la première fois les Ludi Victoriae, les Jeux de la Victoire à Praeneste célébrant la victoire de Sylla à la Porte Colline le 1er novembre. C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison que Sylla déplaça les élections consulaires les années suivantes en juillet, afin que tous ceux qui le souhaitaient puissent assister aux Jeux se déroulant fin octobre sur plusieurs jours.

Les élections consulaires ont-elles eu lieu avant ou après les Jeux? Si Sylla a abdiqué avant les élections, il est plus probable que les élections consulaires se soient déroulées en novembre, mais rien dans le texte de Plutarque ne laisse supposer que les élections ne se soient pas déroulées à leur date traditionnelle: la seconde quinzaine d'octobre.

Une date pour l'abdication de Sylla

De cette conjonction de sources, nous pensons que Sylla a abdiqué aux alentours des ides d'Octobre. Les ides d'Octobre sont d'autre part la date marquant le terme des campagnes militaires. Sylla pouvait penser sa mission achevée en même temps que toutes ses troupes mobilisées depuis tant d'années regagnaient enfin leurs foyers. Finalement, Sylla sera donc resté dictateur un peu plus de dix mois.

Une chronologie rectifiée

- Décembre 82: Sylla est nommé dictateur

- 1er juin 81: fin des proscriptions et des ventes aux enchères

- Eté 81: Cicéron plaide "Pour Quintus"

- Vers les ides d'Octobre: Sylla abdique la dictature

- Fin octobre: Sylla est simple particulier

- 1er novembre 81: Célébrations des jeux de la Victoire à Praeneste

- Entre fin octobre et fin novembre: élections consulaires. Sylla est élu premier consul

- Novembre et décembre 81: Sylla est consul désigné

- 1er janvier 80: Sylla est intronisé consul avec Metellus Pius

- Janvier 80: Cicéron plaide "pour Sextus Roscius"

- 1er janvier 79: Sylla est simple particulier

 

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